L’épée à deux tranchants est plus qu’une arme, elle revêt un caractère symbolique fort. C’est sur cette dimension symbolique que repose le titre du livre d’Emmanuel Maffre-Baugé.
L’histoire de l’épée à deux tranchants
Charlemagne rêve de retrouver la grandeur de l’empire de Rome. Et son projet ne peut reposer que sur deux forces : le farouche peuple guerrier des Francs, celui-là même qui évita à l’Europe la domination sarrasine, et l’assise morale qu’apporte l’Eglise à toute la population.
L’empire porté à bout de bras par Charlemagne est vaste. Loin de la capitale d’Aix-la-Chapelle, aux confins de l’Empire et aux portes de la Germanie, deux de ses fidèles serviteurs se retrouvent en Languedoc. Benoît est un moine bénédictin, il a fait voeu de servir Dieu et est loyal envers Charlemagne et son oeuvre. Guillaume d’Orange, qui a connu maintes guerres et commis diverses horreurs avant de trouver la foi. Il fondera d’ailleurs, non loin de Montpellier, la localité de Saint-Guilhem-le-Désert.
Mais ces hommes ont fort à faire avec le comte saxon Rodulfe, un homme colérique et rancunier. Ces trois hommes sont au centre d’une aventure terrible qui les mènera aux quatre coins d’un territoire immense, de la lumière de la Méditerranée aux sombres rivages de la Baltique, battus par les tempêtes. Autour d’eux gravitent de nombreux personnages, de toutes conditions, qui donnent vie et corps à cet univers cohérent et fidèlement restitué.
Pourquoi faut-il le lire ?
Charlemagne est un mythe appartenant à notre mémoire collectif. Il apporta un bref répit dans un monde troublé par des guerres incessantes et apporta un temps dans les populations l’espérance du retour d’un Empire durable.
Emmanuel Maffre-Baugé nous offre ici une plongée dans un monde mystérieux, qui nous est en définitive peu connu et nous semble étranger. Il redessine les contours de territoires que nous connaissons, et leur apporte une profondeur nouvelle.
L’intrigue, centrée autour de ses trois hommes qui symbolisent les forces en présence, et qui tiennent presque de la cosmogonie carolingienne, a le bon goût de tenir le lecteur en haleine.
Ce livre a gagné le prix Jean d’Heurs du roman historique, et le mérite amplement.